Le bonheur, c'est simple comme un jardin anglais.

Si en plus on rajoute des copains et du soleil dans la balance, on touche à la perfection. Tournée d'azalées pour tout le monde! 

Difficile d'écrire un compte rendu un peu constructif après une journée à planer et à sourire de façon niaise. Vous attendiez une plume acérée et des descriptions mordantes? Raté! Je me suis transformée en guimauve. J'ai plus de dopamine que de globules dans le sang et j'ai encore des crampes aux zygomatiques...

On va quand même essayer de mettre un peu d'ordre dans les taches de couleurs, parce que si j'ai effectivement des souvenirs plein la tête, j'ai aussi une mémoire de poisson rouge, et ça m'embêterait qu'un alzheimer précoce ne transforme la journée en peinture délavée.

Commence donc un exercice délicat entre émotion et description.

Acte I: Le vent et l'iode

Réveil en fanfare à 4h15, départ à 5h10, arrivée au port de Calais à 6h30 tapantes pour éviter le fiasco de la dernière fois. Lors du passage à la frontière, le premier douanier nous fait bien comprendre qu'on a l'air encore un peu froissés par le sommeil (a-t-il éteint le néon de la cabine par compassion ou par horreur? la question reste entière).

Le deuxième m'écoute, entre amusement et incrédulité, dérouler le programme de la journée

- Sissinghurst Castle, English gardens, mainly taking pictures of flowers...

- Is that a common thing?

- Oooh yes!

- oOOK... have fun...  I guess.

Puis vient le moment de l'embarquement suivi du traditionnel fry-up et d'un instant décoiffage sur le pont du bateau, parce qu'on aime l'iode ou on ne l'aime pas.

Acte II: Cobbled Streets

Where we're going, we don't need roads!

premier arrêt à Rye, en attendant que les jardins ouvrent. On retrouve finalement Harry et Meghan en embuscade, accompagnés d'une figurine animée de Her Royal Majesty et d'une citation de Lady Di écrite en lettres de Scrabble...

Peut-on faire plus british? Je vous le demande?

Apparemment, oui. (J'ouvre une parenthèse, mais le jour ou quelqu'un me dit ça, je l'épouse! #guimauve1)

Rye en version été, c'est des petits rosiers qui grimpent joyeusement sur les façades des timber-framed houses, des églantiers qui étoilent les tombes du cimetière, une vue imprenable sur l'embouchure de la baie et des salons de thés qui embaument les scones du matin... 

C'est beau, c'est frais, ça sent bon, c'est lavé avec Mir Laine...

ça fait un prélude tout trouvé au reste de la journée.

Acte III: pastel et pistils

Arrivée à Sissinghurst pour une contre-visite, histoire de confirmer que j'adore ce jardin.

Le Brexit a apparemment fait augmenter le prix du parking qui est maintenant à 3£ (le préposé à l'accueil me dit en me faisant un clin d'oeil que lui-même est gratuit par contre... J'ai peur...).

Je paye en lançant des plaisanteries, ce qui est ma façon de me montrer outragée (faudra que je bosse dessus un jour) et nous prenons la direction du jardin, niché derrière les greniers à houblon typiques de la région.

Avant toute chose, il devient nécessaire de faire une pause sandwich. Le jardin attendra: un lac stratégiquement placé dans les bois qui entourent le domaine fera une base toute trouvée pour le traditionnel picnic with a view, entre canards et libellules. 

Sur le chemin du retour, nous nous recueillons sur les tombes de Martha, Dan et Rollo, morts pour la patrie après une overdose de croquettes.

On notera au passage que Dan a été planté en dernier entre Martha et Rollo, et que si ça avait été moi, j'aurais plutôt fait le trou à côté, histoire d'éviter de revivre un traumatisme d'enfance... #RIPcactus #MonPèreFossoyeurProfessionnel.

Nous revenons par les bois en direction du château, sans avoir prévu que l'épreuve ultime avant d'y arriver serait de traverser une pâture de vaches.

- Elles font pas un peu flipper les vaches?

- Mais noooooon (<- J'ai peur mais je le montre pas. Putain, y'a un veau qui veut jouer... Putain, il est gros...)

Heeeere, Kitty Kitty!

Après avoir triomphé des bestioles, nous passerons l'heure suivante à flâner au milieu des fleurs, entourés de clématites et de rosiers en plein boom floral. Pas la peine de refaire une description qui reprenne celle du billet précédent. On notera que les panamas pastels sont de retour en force (les bancs étaient pris d'assaut), que les couleurs du jardins tirent plus sur le mauve et le rose que la dernière fois (sauf pour le jardin blanc, of course) et que je n'ai pas revu mon Fluffius Fluffius adoré...

-> Vous aussi, camouflez-vous au milieu des fleurs grâce au Panama Pastel (c) (marque déposée en partenariat avec les cirés fluos décathlon)

On a grugé quelques graines discrétos, joué un peu à cache cache ("On cache la tête, pas les fesses") entre les massifs et les haies de buis, pris un nombre non négligeable de photos en mode flower power, puis on s'est finalement décidés à repartir en direction du Nord, vers Great Comp Garden.

Acte IV: Porn Food et roulés boulés

Après l'expérience profondément angoissante de Wakehurst la dernière fois et dont le traumatisme ne me quitte toujours pas (je fais des crises d'urticaire à la simple mention d'une poussette), il était nécessaire de prendre des mesures drastiques pour conjurer le sort.

Comme on est quand même au 21ème siècle, il a suffi d'un petit tour sur Google Images avant l'embarquement du matin pour confirmer que Great Comp Garden n'avait rien à voir avec les pelouses insipides de Wakehurst et qu'on pouvait y aller les yeux fermés.

(Enfin presque, pour voir les fleurs c'est pas facile sinon.)

(comment-ça, elle est pas drôle ma blague?)

(#guimauve2)

(#BientôtLesBlaguesToto)

Bref, clôturer les visites par cette petite perle n'a fait que renforcer mon euphorie... d'autant que le soleil a commencé à briller franchement à ce moment-là.

Autour d'un petit manoir du 17ème siècle de taille familiale, on peut arpenter une pelouse qui s'éloigne paresseusement de la bâtisse, entourée de petits recoins qu'on peut passer des heures à explorer. Si la partie "domestiquée" du jardin arbore fièrement son lot de buis taillés et d'herbes ornementales, on peut tout aussi bien s'enfoncer dans le sous-bois, sur un sentier entre les massifs de rhododendrons et d'azalées (eh... ça sent pas...?).

Après avoir passé la Moongate, au détour des incontournables haies d'ifs taillés, on tombe sur un petit jardin à l'italienne, tout en bassins et murs de brique chauffée au soleil. 

En farfouillant un peu plus, on finit par dénicher des ruines envahies de clématites et de chèvrefeuille, et au milieu de tout ce foisonnement, des bancs en bois invitent à prendre le temps de la contemplation.

#guimauve1000

C'est un jardin qui donne envie de lire pendant des heures, au milieu des bruissements et des odeurs d'herbe coupée. (9/10!)

 Malheureusement (ou pas), on ne peut pas vivre indéfiniment de nourriture intellectuelle et il n'est pas concevable de venir en Angleterre sans se faire un Tea Time digne de ce nom.

La Tea House du jardin propose des gâteaux absolument décadents, tout en crème, sucre, sirop, miel et gingembre... mais on peut aussi la jouer plus classique avec des scones traditionnels ensevelis sous une tonne de clotted cream et de confiture de fraise... *burp*

C'est à ce moment qu'on se rend compte de l'utilité de la deuxième partie du jardin, cachée en hauteur, qui permet d'aller se promener pour tenter de brûler toutes les calories du goûter. Si une promenade tranquille ne vous paraît pas assez efficace, vous pourrez toujours profiter de la pelouse en pente pour faire des roulades (risqué après 3 parts de gâteau, mais manifestement jouissif).

Voilà où se referme la parenthèse licorne et arc-en-ciel.

En mode aventurier, j'avais proposé d'aller faire une escale shopping à Ashford avant de repartir sur Douvres ("De toute façon, on peut prendre le bateau suivant gratuitement.").

Hahahaha...

C'était oublier un peu vite qu'en Angleterre, TOUT ferme à 17h. 

ça m'avait pas manqué ça, tiens...

Bref, j'avais apparemment épuisé mes points de karma, (Marcel doit être fonctionnaire, service de 10 à 17h uniquement.) et la seule vision d'Ashford qu'il nous sera donnée de voir s'est résumée à des pubs PLEINS sur des rues vides (à l'exception d'une feuille de laitue ça et là) où nous avons erré à la recherche de toilettes avant de reprendre la route.

Oui, bon, y'a bien un tank qui trône sur la place du marché, mais nous on voulait acheter des livres! C'est trop demander? hein Marcel?! *grmblbl*

Pour finir la journée en beauté, le préposé du port nous annonce (à 18h30) que le prochain ferry ne part pas avant 21h15... un peu long, me direz-vous? Oui, et encore plus quand le panneau affiche "Delayed" 

Et qu'on n'a pas de livre...

Heureusement que le port de Douvres n'a rien à voir avec celui de Calais et qu'on peut confortablement passer les 3h d'attente dans le terminal, entre shopping, burger et café avec vue sur la mer. 

Note pour ceux qui pensent prendre le ferry du soir: Prenez des boules quiès et un bon plaid; accessoires indispensables pour espérer dormir au milieu des adolescents britanniques et des routiers Roumains.

Mais bref, on va pas pinailler, je reprendrai tous les Roumains, tous les ados, toutes les feuilles de laitue du monde pour une journée comme ça.

Long Live Dopamine!