Sissinghurst Castle et Great Dixter: Flower Power
"Flowers can’t solve every problem, but they’re a great start"
(pour les allergiques au pollen, cette note est dangereuse… il va y avoir de la fleur euh… PARTOUT)
Je ne me doutais pas, il y a 7 ans qu’en mettant le pied sur le sol anglais je prenais un tournant irrémédiable qui me poursuivrait jusqu’à la fin de ma vie.
- J’ai appris à cuisiner (qui a dit paradoxe ?)
- J’ai appris à aimer le fromage (et la bière) ((bis))
- Et j’ai développé une obsession pour tout ce qui ressemble à une fleur… même de loin, tant que c’est joli et que ça pousse.
Bref, je suis devenue une bonne petite anglophile qui s’extasie d’un rien, se pâme devant la politesse des British, limite pleure dès qu’elle voit un bout de cottage avec son petit jardin, et essaye vainement de reproduire la même chose chez elle.
Dans la vie, j’ai deux grands rêves… visiter l’Islande et passer ma retraite (hypothétique) de l’autre côté de la Manche à faire pousser des carottes, armée d’un sécateur et de bottes en caoutchouc (à fleurs).
En attendant, et puisque je ne PEUX PAS faire sans ma dose annuelle de Britishness, j’ai décidé que j’avais résisté assez longtemps et que le moment était enfin venu d’aller passer une journée ressourçante de l’autre côté de la Manche, et de glaner au passage quelques idées pour mon jardin.
Accessoirement, j’ai dernièrement acquis un Réflex (merci frangin, je t’aime <3) et appris à m’en servir (merci Cath, je t’aime <3).
Quoi de plus naturel alors que d’aller crapahuter dans un lieu qui allie toutes mes obsessions du moment pour aiguiser mes talents (ahem) de photographe ?
Pour ceux qui suivent le blog (je remercie ma famille, mes amis, les gens que j’ai menacés de torture…), vous savez que j’ai eu ma période « parcs ». Je suis toujours une grande fan de mon cher L.C. Brown, mais à part ma visite de Nymans (en hiver) je suis moins calée en jardins. J’ai adoré l’émission British Gardens in Time de la BBC, et depuis ça me démangeait un poil d’aller en visiter un.
On m’a vanté les mérites de Sissinghurst qui revient régulièrement dans mes flâneries horticoles sur le net. Accessoirement, il est à une heure de route de Douvres… au bout d’un moment, ne pas y aller aurait relevé du vice.
Je passe les aventures pour y parvenir… à part découvrir que mon cerveau était latéralisé par rapport à la route (première fois que je tourne à gauche quand on me dit de tourner à droite), je commence un minimum à connaître le parcours.
(oui, ça fait long comme introduction, mais comme ça j’ai pu caser toutes les photos de fleurs sans contexte bloguable autour… et toc ! je deviens une pro là dedans aussi.)
BREF, seule la visite de Sissighurst était prévue, mais comme j’ai fini tôt, même en flânant de mon mieux, j’ai décidé de passer par Great Dixter qui m’avait beaucoup plu dans l’émission de la BBC et qui est juste à côté de Bodiam.
Donc on va pouvoir comparer un minimum les deux jardins.
Pour résumer très simplement : Sissinghurst est un fouillis organisé, Great Dixter est un foutoir contenu. Ça va devenir plus clair dans un moment. (Cliquez les liens pour un plan du jardin)
Autre point important, on se rend compte rapidement que la majorité des visiteurs des jardins anglais sont relativement vieux, ce qui explique la présence de bancs stratégiquement placés, la phrase que j’ai le plus entendue aujourd’hui étant "I need to find a place to sit down".
Alors pour Sissinghurst, il faut imaginer les jardins comme des ajouts successifs autour des bâtiments (la gatehouse puis la tour)
On passe donc par une très jolie Gatehouse pour entrer dans les jardins, et le ton est donné tout de suite. C’est mignonnet comme tout, les murs en briques sont couverts de rosiers et de clématites et des roses trémières font office de premier plan. Le jardin va être organisé en plusieurs secteurs chromatiques, généralement délimités par des murs ou des haies d’ifs taillés (qui font bien ressortir les couleurs des fleurs sur leur fond vert sombre).
Juste derrière la Gatehouse donc, on trouve une bordure de fleurs à dominante mauve et pourpre.
C’est quand j’ai vu le nombre de photos que j’avais déjà prises à ce moment que je me suis dit qu’on était mal barrés…
On passe ensuite par le jardin blanc dont les fleurs sont… Ô surprise, blanches… de bonnes idées à piquer pour un bouquet de mariée. J’avoue que j’ai été plus impressionnée par les autres parties du jardin, peut-être parce que le ciel étant déjà blanc (mild and cloudy power), l’ensemble manquait un peu de contraste. Mais ça reste très joli quand même.
J’ai ensuite fait un tour le long de la douve qui borde le verger avant de déboucher sur un espace dédié aux plantes aromatiques
et j’ai complètement craqué sur un arbre que j’appellerai ici Fluffy Tree, ou Flufius Flufius, par manque crasse de connaissance.
A partir du carré aromatique, on remonte une allée de noyer qui longe le Moat Walk (très joli aussi) avant de déboucher sur le jardin du cottage Sud, tout en rouge, orange et jaune. Tout le monde se sourit, s’excuse, s’efface pour laisser passer les autres… forcément, au bout d’un moment on finit par se raconter nos vies et parler photo… je kiffe.
Et on finit par la roseraie et le mur de clématites dans un jardin géométrique, toujours délimité par des haies d’ifs.
Ce que j’ai beaucoup aimé dans ce jardin, à part la maîtrise plus qu’évidente des assortiments de fleurs (en même temps, ça aurait été étonnant…) c’est d’avoir l’impression de découvrir espace sur espace et d’en trouver de nouveaux même quand j’étais sûre d’avoir fait le tour. Chaque endroit donne une atmosphère différente et on finit en apothéose avec une vue plongeante sur tout le jardin du haut de la tour centrale.
Un peu frustrée du manque de soleil et du nombre assez élevé de visiteurs… mais uniquement parce que j’ai dû user de ruses de sioux pour prendre mes photos sans avoir les chapeaux panama et les polos pastel qui ressortent, eux aussi, devant les ifs.
Heureusement, le soleil a commencé à poindre et a été au rendez-vous pour Great Dixter.
Et tant mieux.
Great Dixter, c’est le Portmerion des jardins… ça part dans tous les sens, y’a de la couleur partout MAIS, c’est beau !
La maison en elle-même, déjà, est constituée de parties greffées les unes aux autres (la timber framed house arrière a été démontée dans le Kent puis remontée à Great Dixter). Le jardin suit la même logique, et ceci en fait un endroit selon mon cœur ^_^
Au lieu d’avoir une séparation chromatique des plantes, le propriétaire a séparé le jardin en une multitude d’univers qu’il a regroupés entre des haies d’ifs beaucoup moins géométriques qu’à Sissinghurst.
On va donc trouver un Sunk garden dont les fleurs foisonnent autour d’un bassin en contrebas (d’ailleurs la notion de foisonnement va revenir souvent)
On trouve également une prairie, des topiaires, un jardin de plantes grasses, une bordure (connue sous le nom de Long Border), un jardin tropical, des serres, un jardin clos, un verger, un potager, un marécage, un étang…
On peut se perdre dedans pendant des heures, on marche dans des allées plus ou moins droites, on doit écarter les branches, s’accroupir pour passer sous des gunneras ou des palmiers…
plutôt que d’adapter le jardin au visiteur, c’est au visiteur de s’adapter au jardin, aux couleurs, aux odeurs, aux textures : la pierre chauffée, la terre mouillée, le vent, le soleil, les ombres,
les bruissements... en ce qui me concerne ça a été une expérience sensuelle au sens premier du terme. Si avec ça je vous donne pas envie d’y aller…
D’ailleurs, au lieu de décrire comme pour Sissinghurst je vous mets les photos en vrac, et vous verrez par vous-même. A vous de vous perdre dedans :) et bonne visite.