Glenfinnan et Glencoe
Un paysage peut-il donner faim? La réponse est oui quand les montagnes enneigées qui entourent le camping prennent soudainement un air de Christmas puddings gigantesques saupoudrés de sucre glace.
La journée, au départ maussade, a tout de même laissé place à de franches éclaircies malgré un temps plutôt humide.
Notre première halte s'est faite à Glenfinnan et son célèbre viaduc utilisé comme décor dans les Harry Potter (et sur les billets de livres écossaises, accessoirement)
Le parking sera le seul parking payant du séjour. On le quitte pour emprunter un petit chemin qui serpente à flanc de colline pour aller surplomber à la fois le viaduc et le monument en hommage aux highlanders qui sont tombés à la bataille de Culloden après avoir apporté leur soutien au Bonnie Prince Charlie au moment ou il voulait restaurer les Stuart sur le trône.
Arrivée sur le promontoire, je suis bêtement un groupe de touristes qui a escaladé un rocher. La vue est certes magnifique mais le chemin pour y accéder est carrément inexistant, piétiné par des centaines de chaussures de randonnée.
(miam!)
Quand je me rends compte qu'en plus il ne mène pas du tout là ou je voulais aller et que je dois redescendre dans la gadoue, j'ai soudainement une forte envie de mettre la tête des-dits touristes entre mon pied et une flaque.
Mais ça ne se fait pas...
Je réussis donc à reprendre pied sur la terre ferme et me dis que, puisque mes chaussures sont décidément étanches, autant aller les balader en direction du viaduc puisqu'on distingue un vague chemin d'herbes piétinées qui semble s'y diriger.
Je redécouvre par la même occasion l'origine de l'onomatopée "squelch" quand je dois arracher mes pieds à chaque pas de bourbiers innommables... Mais la vue en vaut finalement la peine. Surtout quand le soleil décide enfin d'éclairer les herbes jaunes de la lande au premier plan.
La pluie commence à tomber et je décide de rebrousser chemin quand j'entends un sifflement lugubre reconnaissable qui me fait me retourner juste à temps pour voir le fameux Jacobite, le steamer touristique, passer avec son panache de vapeur sur le viaduc.
(plan fangirl Harry Potter qui fait genre on l'a attendu des heures alors que non...)
Nous prenons ensuite la direction de la gare de Glenfinnan pour aller visiter un petit musée dédié aux vieux trains.
Une bonne surprise nous y attend puisque le steamer s'y est arrêté quelques minutes.
Nous avions hésité à le prendre mais le fait de le voir de près nous épargne la déception d'avoir dû y renoncer. Le train est blindé de touristes et les vitres carrément embuées rendent difficile d'admirer le paysage apparemment grandiose qu'il traverse. Finalement, on voit le même depuis la route.
La gare contient des vieux wagons garés en contrebas dont l'un a été reconverti en bar, pas très bon, mais le charme opère quand même, et les consommations donnent le droit à des entrées gratuites pour le mini-musée de la gare.
Le musée ne fait que deux pièces mais retrace l'histoire ferroviaire de l'Ecosse à grand renforts d'artéfacts en cuir et en bois qui sentent bon la poussière. Une petite parenthèse hors du temps avant de reprendre la route pour Glencoe.
Arrivés en milieu d'après-midi, nous n'aurons ni le temps ni l'énergie d'aller sérieusement randonner dans les montagnes et nous nous rabattrons sur les Lochans, une combinaison de trois boucles dans la forêt que l'ancien propriétaire avait planté d'essences américaines pour guérir le mal du pays de sa femme, d'origine amérindienne.
On ne saura jamais si sa femme aura vécu assez longtemps pour voir le résultat final, mais la promenade fait le bonheur des familles qui veulent prendre un bol d'air sans forcément aller se battre sur des chemins de montagne.
La dernière journée était initialement prévue à Glasgow, mais les campings blindés nous ont finalement convaincus de repartir vers Édimbourg pour pouvoir faire une journée un peu plus tranquille que la première et terminer le voyage en douceur
