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RockBeef
31 octobre 2023

De Shimabara à la Caldera (en passant par Kumamoto)

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Lever de soleil sur la mer depuis la chambre d’hôtel.

Après avoir arraché les infos de haute lutte la veille, nous retournons de bon matin au terminal de ferry prendre trois billets pour celui de 8h35.

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Plutôt que d'attendre une heure pour la navette (que nous n’avons du coup pas réservée), le plan est de faire appeler un taxi par une âme charitable et de nous amener en centre-ville de Kumamoto, comme nous l’a conseillé la guichetière la veille.

« si vous dites que vous ne parlez pas Japonais, le responsable du terminal appellera le taxi pour vous »

Très vexée, mais consciente de mes limites (plexiglas, masque, appel téléphonique dans une autre langue…) j’ai donc conservé précieusement le numéro du taxi et nous nous avançons vers la salle d’embarquement.

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Arrivés dans le sas, Catherine avise avec méfiance une cohorte de collégiens, rangés par deux, les garçons d'un côté et les filles de l'autre, sac en bandoulière et uniforme repassé, prêts à partir à Kumamoto en voyage scolaire.

Nous les voyons embarquer sur le ferry et comprenons alors que le ferry en forme de yacht qui part 10 minutes avant le nôtre fait la traversée en 30 minutes, et que le petit ferry à plateforme que nous prenons fait la traversée en une heure. (C'est une info que j'aurais bien aimé avoir hier...).

IMG_7461Quoi qu'il en soit, même arrivés à 9h35, pas de bus avant 11h10 (j'ai l'impression que ce blog devient de plus en plus un recueil d'horaires de transports en tout genre).

Une dame charmante passe le coup de fil au taxi (avec un masque mais sans plexiglas) et nous arrivons un petit quart d'heure plus tard à la gare de bus de Sakuramachi, mieux placée pour rejoindre notre hébergement du soir.

20231031_113609Les coin lockers nous sauvent encore une fois la mise et nous partons en tram à la recherche de Suizenji Joujen, un parc paysager que nous avons prévu de visiter en premier avant de finir par une visite du château en revenant vers la gare.

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(Ci-dessus, probablement le meilleur café de la ville)

Nous tournons un moment autour du jardin grillagé sans trouver l'entrée et finissons par demander notre chemin à un vieux monsieur en t-shirt un peu fatigué et casquette délavée occupé à tailler sa haie sous le soleil (qui ne faiblit toujours pas... Je sais c'est redondant...)

 

"You speak English?" Nous demande-t-il.

Ah bah oui... mais on ne s'était pas attendus à ce que LUI le parle...

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Il descend de son escabeau et nous fait signe qu'il va aller chercher un papier pour nous dessiner une carte. Il disparaît quelques minutes et revient s'asseoir sur les marches en pierre avec un vieux bloc note et un marqueur noir.

Il tente de nous expliquer le parcours plus ou moins clairement dans un Anglais haché et après avoir demandé trois fois si on a bien compris, nous explique qu'il a 82 ans et qu'il est né en 1941 à Pe–ra  hābā.

Mon cerveau met 30 bonnes secondes avant de faire le lien avec Pearl Harbour.

Nous échangeons des politesses et, carte en main, nous repartons pour le jardin dont nous finissons laborieusement par trouver l'entrée.

IMG_7463Une réplique herbeuse du mont Fuji se reflète dans un étang où nagent les inévitables carpes Koï. On retrouve aussi les éléments habituels comme les pins taillés en nuages et quelques ponts en pierre.

Catherine nous explique que le jardin est inspiré des 53 stations du Tokaido, une série d'estampes que Hiroshige réalisa après avoir emprunté la route depuis la capitale du Shogun, Edo (maintenant Tokyo) jusqu'à Kyoto, la capitale impériale, et qui contribua à rendre populaire les estampes de paysages, en particulier celles de lieux célèbres.

L'étang représente donc le lac Biwa, et le jardin est planté de 150 cerisiers (que nous ne verrons évidemment pas en fleurs).

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Nous passons une bonne heure à déambuler dans le jardin (sous le soleil. Qui ne....).

IMG_7465La fatigue commence sérieusement à monter en ce qui me concerne après 11 jours d'itinérance et je finis la visite les yeux un peu dans le vide à mâchouiller un onigiri et à contempler les carpes qui font des rides sous la surface de l'eau.

Je décide de poser un joker sur le château et de rentrer directement à la station avec l'intention de me faire une pause goûter shopping en attendant le bus du soir (j’ai décidé d’anticiper les potentielles pulsions d’hibernation soudaine).

20231031_154108Dans le tram, nous nous rendons compte que nous sommes parfaitement dans les temps si nous voulons attraper le bus précédent et arriver un peu plus tôt à Aso, un des volcans les plus actifs du Japon, entouré d'une caldera magistrale.

C'est finalement cette option que nous retenons, ce qui nous permettra aussi d'arriver avant la tombée de la nuit et de profiter de la soirée. On passe faire le plein de Dorayaki à la châtaigne dans le Family Mart de la gare et je me cale avec soulagement dans les sièges du bus climatisé.

Au bout d'une heure trente de trajet, le chauffeur nous dépose en bord de route, au milieu de quelques maisons éparses, le cratère fumant du volcan dans notre dos.

20231101_085817Nous marchons une centaine de mètres pour arriver jusqu'à l'emplacement de la Guest House et nous débouchons sur un petit terrain vague bordé d'arbres sur lequel trône une caravane.

La majorité du terrain est recouvert d’une terrasse en palettes qui grince sous les pieds.

Sur la terrasse, une yourte.

Une fosse est aménagée où fume un petit feu autour duquel sont disposées quelques chaises et rondins de bois.

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Pas âme qui vive.

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Sans les lettres à moitié effacées sur un panneau de bois qui proclament Asobi Gokoro Guesthouse et une vague guirlande lumineuse sous l'auvent de la caravane, on pourrait se croire dans le jardin d'un particulier un peu hippie.

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Nous faisons 2 tours de caravane hésitants à la recherche de quelqu'un et sommes sur le point d'aller voir un peu plus loin sur la route, quand le "particulier" en question arrive et nous accueille dans un Anglais enthousiaste mais tellement haché et recouvert d'un épais accent japonais qu'il faut y porter tout le cerveau disponible qu'il me reste.

20231031_171406Il se présente comme Yoshi, nous fait rentrer en se serrant un peu dans la caravane (à ce moment, je vois un tas de sacs de couchage empilés et je suis en pleine conjecture sur l'endroit où on va dormir... La yourte ou la caravane).

Il nous sert un thé de maïs grillé et concassé qui vient se loger entre les dents puis entreprend de nous présenter Aso avec tout l'enthousiasme d'un jeune parent.

Il a fait tout le Japon à vélo, mais il n'a jamais vu d'endroit aussi beau qu'ici. Ah ça non alors. D'ailleurs il a plein de recommandations.

 

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Il brandit une carte annotée aux crayons de couleurs et sort de nulle part un classeur écorné qui déborde de pochettes plastiques.

Chaque phrase de son boniment est précédée (ou ponctuée, ou les deux) d’un "pointo!" pour attirer notre attention sur les parties à retenir.

/Point!/ La partie auberge se trouve de l'autre côté de la rue. Lui est toujours plus ou moins autour de la caravane si on a besoin de lui. 

/Point!/ Il y a plusieurs restaurants qui sont très bons, il nous a photocopié le menu avec les photos des plats et les explications en Anglais qu'on peut consulter dans le classeur écorné.

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/Point!/ Il y a aussi plusieurs supérettes avec des produits locaux. On peut y aller avec une bicyclette qu'on emprunte dans l’auberge.

/Point!/ Il y a deux Onsen dans la ville. Il peut nous prêter des serviettes et ça coûte moins cher de prendre les billets ici.

/Point!/ Si on veut aller randonner sur le volcan (une carte en 3D de la caldera apparaît dans sa main comme sortie de nulle part) le mieux c'est une randonnée de 4h qui monte jusqu'au cratère (mes genoux se mettent soudainement à flageoler)

20231031_180558Une fois qu'il nous a présenté les points saillants, il récupère un contact WhatsApp et il fait surgir un paquet de petites dosettes en plastique à l'opercule coloré qu'il nous présente : "Les Japonais aiment la loterie, alors pour fêter votre arrivée, vous allez pouvoir jouer ! Prenez une capsule, ouvrez-la et mangez l'intérieur. Vous saurez si vous avez gagné !"

Un peu circonspecte, je me dévoue pour prendre une première capsule et je l'ouvre, identifie le contenu comme étant un type de petits gâteaux apéritifs et dévoile le dessous de l’opercule : « Hazure » はずれ

C'est un carton plein. Nous sommes trois gagnants et Yoshi attrape dans une caisse derrière lui trois sachets en papier fermés par un autocollant doré qu'il nous autorise à ouvrir.

Un assortiment de snack type riz expansé saupoudré de poudre de poulet déshydraté tombe sur nos genoux. Il a également ajouté une chaufferette de poche (jetable) et il parachève le tout en nous offrant un bon pour une patate douce cuite au feu de bois ou un verre de saké que l'on peut utiliser avant la fin du séjour.

Avec tout ça on n’a toujours pas vu la chambre.

20231101_082522Yoshi nous emmène alors dans la maison de l'autre côté de la route : une petite bicoque de campagne avec une entrée au sol en ciment qui tient à la fois du garage aménagé et de la véranda. Des rayonnages débordent de mangas et dans l'entrée trône un assortiment hétéroclite de vélos à la disposition des clients qui veulent aller acheter leur bento à Hirai (« Pointo, I ricommend »).

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Pour ce qui est de la maison, à part le chauffage à résistance dans la salle de bain, tout à l'air normal.

Les pièces sont intégralement recouvertes de Tatami (sans puces…mais envahies de moucherons). Une bouilloire fournit de l'eau chaude en permanence dans la cuisine et la pièce principale dispose même d'une grande table affublée de son kotatsu, une couverture chauffante pour quand la température se fait trop fraîche. 

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20231102_081142Carte de la ville en poche et une fois le kotatsu inauguré, nous décidons de plutôt garder l'option patate douce au coin du feu pour le lendemain et prenons de l'avance sur la nuit pour être aussi frais que possible en vue de la randonnée.

***

Dorayaki - Sandwich formé de deux pancakes et d'une pâte sucrée (principalement haricot rouge)

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