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RockBeef
3 novembre 2023

Beppu and Back

20231103_10214320231103_101731Il faut bien que les voyages aient une fin, même si ça n'est pas la partie la plus agréable à écrire... Place aux transports et aux rencontres impromptues.

Après une matinée de flâneries au soleil sur Kurokawa, où nous avons utilisé la dernière étiquette du médaillon de cèdre pour nous procurer des dango et un verre de thé (nécessaire pour les faire passer), nous avons embarqué dans le car de 15h qui traverse Kyūshū d'ouest en est.

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Après 14 jours de transports, l'envie était forte de piquer un roupillon, bercée par la conduite fluide du conducteur. Il a fallu me battre contre moi-même pour garder les yeux ouverts et profiter de la plus jolie route du Japon.

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20231103_155143Pour rejoindre Beppu, le bus doit d'abord s'enfoncer dans les montagnes jusqu'au col de Makinoto.

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Partis du Kurokawa en milieu d'après-midi, nous avons été gratifiés d'une lumière rasante sur les feuilles blondes de châtaigniers au tronc épais, traversée ça et là par l'éclair rouge d'un érable.

20231103_165742Puis la forêt laisse place aux sommets arrondis de la chaîne de montagnes, les pentes recouvertes des plumeaux des roseaux de chine qui accrochent les derniers rayons du soleil.

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Deux heures de paysages magnifiques dont nous profitons au maximum jusqu'au moment où le bus rejoint les lumières clignotantes de Beppu en même temps que la nuit se met à tomber.

IMG-20231129-WA0004 (1)C'est finalement une transition assez appropriée : Beppu est une ville effervescente qui se révèle dans les néons des restaurants et magasins qui bordent sa rue principale. C'est aussi la ville qui compte le plus de Onsen à Kyūshū, mais je n'en ferai pas l'expérience puisque je repars le lendemain. 

IMG-20231129-WA0005 (1) IMG-20231129-WA0001

Nous déposons les sacs à l'auberge et mettons la soirée à profit pour sortir et tenter un dernier restaurant avant mon départ.

Première tentative dans la rue couverte qui paraît prometteuse. Quelques noren cachent des petites salles étroites où on mange souvent au comptoir sur un tabouret.

Au moment de s'approcher du premier restaurant, une petite grand-mère rabougrie en sort. Elle flotte dans sa tunique en laine grise, une gavroche vissée sur la tête et un masque qui lui mange la moitié du visage.

Visiblement ravie d’avoir affaire à des touristes, elle s’empresse de nous vanter les mérites du menu : Des Oden…

Kézaco ?

« un plat avec de l’œuf et plein d’autres choses dedans » me répond-elle.

Je sors le portable pour demander plus amples renseignements à Google photos et elle pointe avec enthousiasme un plat dont la couleur principale est le jaune…

Oden-BlogPost

Nous déclinons donc poliment et nous reprenons notre chemin le long de la ruelle, mais il en faut plus pour la décourager. La voilà qui nous emboite le pas et qui engage la conversation dans un japonais mâché par les quelques dents qui doivent rester derrière son masque.

Elle nous présente les autres restaurants de la ruelle : « celui-là est très bien… mais la nourriture est un peu grasse… mais si vous avez très faim c’est bien ».

 « D’où venez-vous ? vous faites un voyage en famille ? »

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20231104_151103Nous voilà à essayer d’expliquer les subtilités d’une famille recomposée, à grand renfort de photos et d’explications dans un japonais approximatif.

Visiblement ravie, la petite vieille embraye :

« Moi non plus, mon premier mariage n’a pas marché. J’ai tué mon mari… il refusait de manger ma nourriture… »

Nous venons nous-même de refuser les fameux oden… faut-il s’inquiéter ? Nous rions poliment pour cacher une pointe d'inquiétude tout en nous demandant jusqu’où notre guide auto-proclamée va nous accompagner.

Elle finit par prendre congé devant les portes du Konbini au bout de la rue et nous tournons à gauche pour nous éloigner discrètement… avant de nous rendre compte que nous sommes dans le quartier des bars à hôtesses et qu’il vaudrait mieux faire demi-tour si on veut manger de la nourriture au sujet de laquelle aucun doute ne persiste…

Au moment de repasser devant le konbini, les portes s’ouvrent et notre nouvelle amie en sort, deux pots de glace dans les mains…

Si elle n’avait pas eu besoin d’un congélateur, je pense que la conversation durerait encore.

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Nous finissons finalement par trouver un restaurant Shokudo sur deux étages organisés en alcôves et qui sert des plats qui nous font envie.

Je finis en beauté avec un Tamagokake Rāmen : un bol de nouilles froides surmontées d’un jaune d’œuf cru et de flocons de bonite.

20231104_084821La journée du lendemain se passe principalement dans les transports : 6h pour rallier Ōsaka où je m’accorde une petite pause shopping dans des ruelles autour de la gare de Namba.

20231104_135903Je commence par des magasins de kimono de seconde main pour essayer de me dénicher un Yukata, puis je me retrouve par hasard dans une rue dédiée à la pop culture et qui fourmille de geeks venus acheter leurs figurines préférées ou tenter leur chance dans les gachapon.

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De chaque côté de la rue, des jeunes filles affublées de tenues de soubrettes et de serre-tête à oreilles de chat essayent de convaincre les passants, à grand renfort de minauderies et de flyers, de s’arrêter un moment dans un Maid Café.

Je passe rapidement ma route avant que mon féminisme ne me rattrape.

20231104_15080720231104_150804Un dernier passage par Sennichimae Doguyasuji et ses boutiques dédiées aux accessoires de restauration et je récupère mes sacs à la consigne dans les entrailles de la gare.

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Il est temps de prendre mon (presque) dernier train pour aller passer la nuit dans le quartier d’Izumisano, à deux pas de l’aéroport en prévision de mon vol matinal le lendemain.

J’ai laissé le Wi-Fi à papa et Catherine et je dois donc m’armer de toutes mes connaissances pour planifier mon itinéraire.

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Le commis de la gare me propose de prendre le Limited Express à Namba et de faire un transfert vers le train local à Izumiotsu…

L’air un peu déconfit, je demande s’il n’y a pas de train direct.

« Si, mais c’est bien plus lent ».

Bon, allez, on tente… au pire je passerai ma frustration sur un café au distributeur automatique.

20231104_165044Finalement, c’est un sans-faute, et j’arrive, le dos en compote et les pieds qui gonflent, à Bighem Maison, petite coloc internationale, pour ma dernière nuit nippone.

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Je passe sur l’avion du retour et les 45 minutes de transfert à Séoul (15 minutes porte à porte... Seuls les Coréens ont des leçons d'efficacité à donner aux Japonais).

La deuxième partie de la famille m’attend de l’autre côté du plexiglas à Charles de Gaulle. Grands sourires et grimaces pour me faire rire et oublier les 12 degrés et la pluie dehors.

20231106_100513Puis le petit choc culturel inversé quand je remarque les feuilles par terre dans les stations du RER (au japon, il y aurait sûrement un poste de ramasseur de feuilles), les pigeons qui boîtent, le train qui arrive en retard et sur le mauvais quai…

Je me demande si toutes ces petites frustrations du quotidien sont si graves. Le japon aseptisé se fait sûrement au prix de pressions sociales et professionnelles. On sait le poids des attentes et le manque de temps personnel auxquels les Japonais doivent faire face.

Et pourtant, rien dans ces deux semaines ne m’a fait l’effet d’une vie subie. La gentillesse, la spontanéité, la curiosité de l’autre, même différent, ont été des traits partagés par la majorité des personnes rencontrées, parfois tout à fait par hasard. Ce sont deux semaines qui m’ont permis de remettre du plomb dans un culbuto un peu malmené, de retrouver de l’ancrage dans le mouvement. Et l’immobilité qui arrive manque quelque peu d’attrait.

***

Dango - Brochette de boule de pâte de riz gluant aromatisée

Gachapon - Machine à pièce qui distribue des jouets en plastique dans une capsule.

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