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RockBeef

30 octobre 2023

Momiji, Sashimi, Umi

20231030_124752Après la journée un peu tampon d'hier, on se lève de bonne heure et on part pour la randonnée prévue par Catherine sur le mont Fugen. 

À la recherche d'un petit déjeuner, nous repassons par une boutique repérée la veille dans laquelle il m’avait semblé apercevoir des gaufres.

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Il s'agit en fait plutôt de gaufrettes fines, de type hostie, appelées Yusenpei qui sont certes très bonnes mais qui risquent de faire un peu léger pour escalader une montagne.

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Je décide donc d’acheter un Castella à partager en supplément mais, une fois n’est pas coutume, le gâteau n’est pas prédécoupé (je me demande si je ne commence pas à m’habituer à la facilité Japonaise).

 

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On frôle le drame. Mais j’ai à peine le temps d’ouvrir la bouche que le vendeur me tend avec révérence un couteau lavé de frais, ce qui le place instantanément sur ma liste de maris potentiels (prenez des notes au fond…).

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Une fois le petit déjeuner fini, nous reprenons le chemin du Visitor Center pour commander un taxi. Sur la route, les volutes du Jigoku Unzen filtrent le soleil levant.

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Après une grosse demi-heure d’attente, nous embarquons dans le taxi pour rejoindre le col de Nita

20231030_100816Au fur et à mesure des lacets de la route, le paysage se dévoile sur la baie en contrebas.

C’est un avant-goût de la vue grandiose qui nous attend depuis les sommets.

Le regard porte loin dans la clarté matinale. Les iles de la baie sont voilées de bleu par une légère brume marine. Le soleil commence doucement à chauffer et je passe mon pull autour de ma taille en prévision de la randonnée.

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IMG_7418Après 5 minutes de téléphérique (sans violon cette fois) nous prenons la route sur la crête de la montagne en direction du Mont Fugen.

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IMG_7423Le parcours est magnifique, le chemin est ombragé par les azalées et les érables dont les feuilles commencent sérieusement à rougir. Le tunnel végétal protège du vent, plus frais sur les hauteurs, et laisse entrevoir la mer et les iles qui nous entourent.

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Entre les photos à prendre et mes genoux qui jouent des castagnettes, je me fais cependant rapidement distancer par papa et Catherine (puis par un groupe de jeunes, puis par un groupe de vieux). Je noue la conversation avec les autres randonneurs du dimanche qui traînent la patte tout en faisant passer des messages aux randonneurs plus rapides pour que « les deux européens qui sont plus loin » ne s’inquiètent pas s’ils ne me voient pas arriver tout de suite.

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(coucou de loin le volcan!)

Je fais de mon mieux mais le parcours alterne entre côtes assez sèches et descentes qui mettent mes chevilles à rude épreuve. Les racines traîtresses et les rochers instables sont légion et je m’accroche désespérément aux arbres en bord de chemin pour éviter de glisser.

IMG_7425Le sentiment d'être sur le point de dévaler la pente la tête la première étant peu propice à la contemplation, je décide de renoncer à la dernière partie du parcours et d'attendre Papa et Catherine sur un banc stratégiquement placé face au vallon et aux érables en feu.

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Pendant ma pause, je vois passer devant moi un nombre conséquent de petits vieux dans une forme éclatante qui escaladent allègrement les pentes qui me mettent à genoux... 

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Si je devais être de mauvaise foi, je pourrais dire qu'ils mesurent 20cm de moins que moi et qu'ils n'ont pas à se battre contre les branches d'azalées qui manquent de les éborgner à chaque pas, EUX.

Mais je connais trop mon amour du sport pour me mentir longtemps et je décide de repartir avec un peu d'avance pour épargner à Papa et Catherine de devoir m'attendre encore 30 minutes sur le retour.

Ça me laisse aussi la possibilité de m’arrêter aux jolis points de vue sur le chemin.

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Une fois regroupés au téléphérique, nous repartons sur le parking (et ses toilettes, et son magasin, et son chariot de brioches au porc qui tombent à point) pour rappeler le taxi et redescendre à Unzen.

Nous voyons revenir le même chauffeur qu’à l’aller qui nous annonce 4000 yen pour le prix du retour. Avec les 4000 du matin, on s’en sort pour une soixantaine d’euros pour 1h de voiture…

Si jamais je veux me reconvertir, je m’en rappellerai.

Le taxi nous dépose sur le parking de l’auberge et nous faisons mine de descendre pour aller récupérer le porte-monnaie dans le coffre.

Il nous arrête d’un geste, demande à ce qu’on le paye avant de sortir de la voiture. Il ne parle pas Anglais.

Me voilà à devoir naviguer le qui pro quo avec le vocabulaire d’une enfant de 6 ans.

« l’argent est dans l’arrière de la voiture » (toujours apprendre le mot « coffre » dans votre langue cible… on ne sait jamais quand ça pourra servir.)

 

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Bref, nous récupérons nos sacs et allons nous poster à l'arrêt du bus qui doit nous emmener à Shimabara, un peu plus loin sur la route.

Comme il est stratégiquement placé devant une boutique de randonnée, je tue le temps en allant faire du shopping à la recherche d'un semblant de couteau pour couper nos futurs gâteaux.

Les armes blanches sont interdites au Japon. On doit donc être dans le seul pays où les boutiques pour randonneurs ne proposent pas de couteau suisse.

J'admire un moment les petits barbecues pliables et les théières pour faire son thé au feu de bois (bien trop lourdes pour les ramener dans mes valises), puis j'avise ce qui me semble être un croisement entre une pelle à tarte et une pelle de jardin... 

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L'emballage est sobre avec une petite fleur de muguet dessus et je suppose donc que c'est un déplanteur pour les plantes sauvages qui sont parfois récoltées et cuites en tempura.

Je me dis qu'elle peut potentiellement être utilisée pour couper un cake et je l'achète avec un grand sourire en échangeant comme d'habitude des plaisanteries avec le vendeur.

Au sortir de la boutique, je commence à déchiffrer les katakanas de l'emballage et je me rends compte avec une horreur amusée qu'en matière de cake, l'ustensile sert plus à enterrer ceux qu'on démoule dans les bois qu'à couper ceux qu'on achète au Konbini.

Nous imaginons donc la tête des gens quand ils nous verront l'utiliser pour partager notre prochain Castella et décidons de baptiser l’objet Perakaka (marque Saseratu – quand tu as le vocabulaire ET l’humour d’un enfant de 6 ans… mais en japonais alors c’est classe).

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Le bus arrive et nous calons les sacs de notre mieux sur le trajet qui nous ramène le long de la côte à Shimabara.

Nous devons y prendre un Ferry le lendemain matin pour rejoindre Kumamoto et la partie plus intérieure des terres de Kyūshū .

On n’est pas encore très au fait des horaires du ferry, mais le hasard faisant bien les choses, nous ratons notre arrêt et nous descendons sur le port.

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IMG_7439Le trajet du lendemain s'annonce complexe et nous décidons de nous renseigner en avance pour caler notre planning : à quelle heure part le ferry ? Combien de temps dure la traversée ? Y’a-t-il une navette pour nous amener au centre de Kumamoto ? Combien de temps doit-on attendre ladite navette ? Doit-on la réserver ?

20231030_163423Je me retrouve à suer à grosses gouttes alors que je dois comprendre une employée qui me murmure les informations en Japonais, vite, avec un masque et derrière un plexiglas.

Et qui ne parle évidemment pas un mot d’Anglais.

Il devrait y avoir un trophée spécial sur Duolingo... Pub Anglais / Gare de Ferry Japonaise.

Bref, je repars avec les horaires en poche, un numéro de taxi et un mal de crâne qui s'ajoute à la fatigue du jour.

IMG_7445On prend la direction de l'hôtel où on découvre un hall avec piano à queue, une chambre côté mer au quatrième étage avec Yukata et un bâtiment dédié au Onsen de l'hôtel. Le programme de la soirée est trouvé: balade, resto, bain! (Pour le piano en public, ça attendra encore un peu).

20231030_171351Les sacs sont prestement amenés dans la chambre, le futon supplémentaire déplié et on part se balader sur le bord de mer pour profiter des lumières du soir.

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IMG-20231030-WA0044On croise en chemin le noren d'un restaurant qui nous fait de l'œil et nous décidons de nous y arrêter malgré l'heure qui oscille encore entre fin d'après-midi et début de soirée.

Au menu, sashimis, poisson grillé, légumes, tofu... Et un menu entièrement en Japonais compliqué à déchiffrer.

Sur les conseils du cuistot, nous commandons un plateau de sashimi de Kawahagi, crevettes et seiche qui sont préparés par un maître sushi taciturne dont le bras gauche pend, inerte, et qui prélève avec dextérité les sashimis de la main droite. 

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Le plateau que l’on pose devant nous est dominé par le blanc nacré du poisson et celui, plus ivoire, de la seiche. Les queues bleues et jaunes des crevettes font un contrepoint de couleur et une tête de poisson est dissimulée par des algues rosées et quelques feuilles de Shiso.

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Il est accompagné de petites assiettes individuelles, les torizara, qui servent à partager le tout.

Nous commandons ensuite des Yakionigiri, boules de riz nappées de sauce et grillées, et des Yakinasu, ou aubergines grillées servies avec une sauce miso.

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Nous avons l'agréable surprise de nous voir servir la tête de poisson grillée et coupée en deux dans le sens de la hauteur. Impossible d'identifier clairement de quel poisson il s'agit mais tout est fin et délicieux (si on m’avait dit que j’aimerais la tête de poisson un jour…). On nous sert également les têtes grillées des crevettes que nous avons mangées en sashimi.

Pendant tout le repas, le cuistot se tient droit derrière le comptoir dans l'attente de la suite de la commande. Nous avons le restaurant pour nous et je prends enfin le temps de traduire le menu et de poser les questions sur les parties qui me résistent.

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On demande un dernier thé pour finir le repas puis on remercie chaleureusement les cuisiniers et on repart pour l'hôtel pour aller chercher nos sacs à Onsen dans la chambre et finir la journée au bain.

Je ne pense même plus à mon tatouage, et les personnes présentes ne me font aucune remarque. Je ne dois toujours pas ressembler à un yakuza, malgré presque 10 jours en transit.

La très très très bonne surprise de ce Onsen que nous n'avions pas anticipée est qu'il y a un bassin en extérieur (ou rotenburo) et que, franchement, se baigner dans le plus simple appareil dans un bassin de pierre en regardant la lune (je vous vois ceux qui pouffent au fond) fait partie des grands bonheurs de la vie.

Il y a aussi deux bassins chauds, un bain à 26 degrés ("une fois dedans, elle est bonne") et une bassine d'eau glacée pour celles qui sortent du sauna et qui sont un peu masochistes.

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***

Noren - Rideaux courts qui sont accrochés en extérieur devant la porte des restaurants.

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