Voilà LA partie de l'Islande que je voulais voir... Celle qui serait restée inaccessible si j'avais pris un passeport de bus... Celle où les touristes font enfin place à la nature...
Nous avons prévu de partir de l'auberge à 9h max, histoire de prendre notre temps pour rejoindre Isafjorður où nous avons prévu de dormir.
Pendant le petit déjeuner avalé en vitesse face à la fenêtre, je plisse les yeux en direction de l'îlot qui se trouve le long de l'auberge... Ces oiseaux me paraissent bizarres... Normal, ce sont les macareux tant attendus qui se sont retrouvés en colonie pour leur bain matinal... Après avoir maudit mon objectif qui ne peut décidément pas prendre des photos de loin, je remarque la longue vue posée dans un coin de la pièce... Bon, on va fusionner les deux alors...
Le résultat n'est pas aussi mauvais que je le redoutais... Même si il aurait pu être meilleur.

Direction les fjords!
Depuis hier j'ai développé de nouvelles stratégies de conduite.
1. Le bas côté, c'est pour les faibles... Vu le nombre infinitésimal de voitures en Islande, je me refuse à rater des photos sous prétexte que je suis sur la route. Dès que le paysage l'exige, je trouve un ruban d'asphalte dégagé et je me gare en warning... Et jusque là ça n'a effectivement gêné personne.

 
2. Les islandais roulent vite, les touristes beaucoup moins... Pour éviter les agacements, quand une voiture se pointe dans le rétroviseur, il suffit de mettre son cligno à droite et de serrer la voiture au maximum. La personne qui suit comprend le message et double. Bien pratique si on veut appliquer la technique numéro 1 sans vouloir se presser.
Après une bonne heure de route entre montagnes et cascades, la route se met à monter dans une purée de pois... D'abord carrément déçue de ce que je pense rater, je suis rapidement rassurée quand la route commence à redescendre au bout de quelques kilomètres. Le brouillard se lève et la vue se dégage jusqu'à laisser apparaître des sommets enneigés à l'horizon.

Le premier fjord apparaît en contrebas. De loin, on dirait des langues de terre brune qui s'avancent dans un océan couleur étain, opale par moments... C'est quand on suit la route au ras de l'eau qu'on se rend compte qu'elle est bordée d'un foisonnement de fleurs mauves, jaunes, bleu-vertes... Les rives toutes proches sont couvertes de galets blancs et d'algues rousses.

Le ciel bas se reflète sur l'eau et le soleil perce par endroits. Encore une fois, c'est un panorama vivant, mouvant, changeant qui nous accompagne tout au long du parcours. 

Nous faisons des pauses régulières tout au long de la route.

Une jetée sur fond de neiges éternelles, une petite chaumière à toit de tourbe pour prendre une gaufre et un café, un arrêt pique nique sur une terrasse surplombant le fjord, une plage colonisée par des phoques. Nous passons finalement le tunnel après Isafjorður en direction de Þingeyri.

La météo, déjà très variée en Islande (un dicton dit, si tu n'aimes pas le temps, attends 5min) change dramatiquement d'un col à l'autre. Notre auberge, située juste après le tunnel, est sous les nuages et le brouillard. Le fjord de Þingeyri, juste derrière les montagnes, brille sous le soleil. Nous finissons la journée sur une plage de sable noir, toujours entourés des montagnes et de leur reflet... 

Demain, c'est la même route qui nous attend pour le retour dans les terres... Et il me faudra bien ça pour dire au revoir à cette région ou je laisserai un peu de moi.